Parents, ados ont du mal à parler de sexualité
Par Jason MacNeil
Malgré les différences entre les générations, les questions de base, telle la sexualité, sont les mêmes.
C'est, du moins, l'opinion populaire. Il n'y a pas tellement longtemps, le pire scénario découlant des
rapports sexuels hors du mariage était une grossesse imprévue et possiblement, le mépris des voisins.
De nos jours, c'est la mort.
Les risques de grossesse chez les ados et du sida font de la génération X l'une des plus ouvertes en
matière de sexualité de toute l'histoire. Toutefois, bon nombre d'ados ont du mal à parler de sexualité
avec leurs parents et selon eux, la majorité des parents ne sont pas à l'aise de le faire non plus.
« Mes parents ne sont pas très ouverts lorsqu'il est question de sexualité, » indique Michael Holt, un
jeune de 16 ans de Newmarket, en Ontario. « Honnêtement, je ne sens pas que je puis leur en parler
librement. Si je voulais leur en parler, je n'aurais qu'à aborder le sujet, mais je ne sais pas comment ils
réagiraient. Je crois qu'ils seraient gênés.
« Je ne sais vraiment pas pourquoi ils ne m'en parlent pas. Ils pensent sans doute que ce n'est pas
nécessaire, et ils ont raison! L'école nous informe bien à ce sujet. J'ai commencé à en apprendre sur la
sexualité en 4e année, et cela se poursuit chaque année dans mon cours d'éducation physique. »
De l'autre côté de l'Atlantique en Israel, Oron, âgé de 17 ans, est d'accord. « Non! Je ne sens pas que
je puisse simplement poser une question au sujet de la sexualité, » avoue-t-il. « C'est tout juste si je
puis prononcer le mot en présence de mes parents. »
« Par exemple, je regardais un film à la télé avec eux. Ils avaient manqué le début, où une femme
laisse son chum, ayant découvert qu'il avait eu des rapports sexuels avec une autre femme. Lorsque
mes parents m'ont demandé de leur raconter le début de l'histoire, je ne savais pas du tout quoi dire. »
On est confronté à la sexualité partout – dans les annonces publicitaires, la musique, les revues, à la
télé, et sur Internet.
« Une quantité d'information est partagée plus rapidement, » selon Donna Butts de la National
Organization of Pregnancy, Parenting and Prevention. « Les parents et les ados sont bombardés par
une surcharge de renseignements conflictuels. »
« Si l'on observe les comportements, je crois que les ados sont mieux renseignés mais en même temps,
ils sont mal renseignés » souligne Bonnie Johnson de la Fédération pour le planning des naissances du
Canada. « Je crois que la sexualité est encore un sujet qui n'est pas discuté sérieusement. »
Selon une étude menée en 1994, le taux de naissances chez les ados est à la hausse. Au Canada, il se
situe à environ 50 grossesses par 1 000 adolescentes âgées de 15 à 19 ans. Aux É.-U., le taux est de
116 par 1 000 adolescentes. Depuis 1987, ce taux a augmenté de plus de 20 pour cent. Parmi les
conséquences pour la mère adolescente, notons le taux plus élevé de décrochage scolaire qui mène à
un emploi mal rémunéré, ou pas d'emploi du tout.
Une autre étude par la Fondation Kaiser a révélé que les ados perçoivent encore leurs parents comme
principaux éducateurs en matière de sexualité mais ils ne reçoivent pas assez d'information. Puis, un
rapport récent de la Nouvelle-Écosse indiquait que plusieurs ados sont frustrés par rapport à la
sexualité car ils ne peuvent en parler sérieusement à personne. Une grande partie de leurs
renseignements proviennent d'amis et, quoiqu'ils puissent être exacts, ils sont aussi coercitifs.
Selon Oron, cela dépend grandement du cercle d'amis. « Avec mes amis, il n'y a pas de compétition à
savoir qui sera le premier à avoir une copine. Je connais un autre groupe d'amis dans ma classe qui se
faisait la compétition à ce niveau et la sexualité occupait la majorité de leurs discussions. »
Johnson affirme que le comportement sexuel des ados dépend habituellement de la quantité
d'information disponible. « Nous savons qu'ils se comportent de façon responsable lorsqu'ils
reçoivent l'information et ont accès aux services nécessaires pour prendre de bonnes décisions. Ils ne
se comportent pas de façon responsable lorsque les renseignements sont manquants ou fautifs. »
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